Les conséquences du conflit entre la Russie et l’Ukraine sur le secteur énergétique contraignent les États européens à rechercher des sources alternatives d’énergie non renouvelables et renouvelables. L’Europe se tourne vers l’Afrique pour répondre à sa demande. Toutefois, les États africains qui disposent des plus grandes réserves d’énergie conventionnelle sont en proie à une instabilité qui limite l’accès à ces ressources.
Encourager les américains et européens à investir en Afrique du Nord
Alors que l’Europe s’oriente vers une transition vers l’énergie verte, elle devrait investir dans des moyens d’aider les États africains à éliminer les obstacles à l’utilisation de leurs ressources durables et renouvelables. Les dirigeants politiques européens devraient soutenir ces efforts en leur apportant un soutien financier. Ce qui renforcerait les relations des investisseurs avec les pays africains.
Le Maroc et l’Algérie sont deux pays qui peuvent aider l’Europe à atteindre ces objectifs. Ces nations disposent de réserves d’énergie renouvelable, notamment solaire, éolienne et hydraulique, qui peuvent être utilisées pour créer de l’hydrogène vert, une source d’énergie renouvelable qui commence déjà à attirer des investissements européens. Les infrastructures nécessaires à la production et au transport de l’hydrogène vert sont vastes. Par contre, les obstacles politiques incluent les relations tendues entre le Maroc et l’Algérie et les liens de l’Algérie avec la Russie.
Les investissements dans le secteur peuvent contribuer à améliorer ces relations et à atteindre les objectifs économiques et politiques européens entre partenaires.
L’Afrique peut tirer partie du « Pacte vert européen »
L’Afrique abrite un nombre important de systèmes d’énergie renouvelable non nucléaire. Notamment la bioénergie, l’hydroélectricité, l’énergie solaire photovoltaïque et l’énergie éolienne. Ce type d’énergie représentait moins de 10 % de la production totale d’électricité de l’Afrique en 2022.
La majeure partie de l’électricité produite en Afrique provient de combustibles fossiles tels que le pétrole, le gaz naturel et le charbon. Le Nigéria, l’Algérie et la Libye jouent un rôle clé sur les marchés du gaz naturel et du pétrole brut. En effet, ces pays possèdent les plus grandes réserves et les plus hauts niveaux d’exportation de ces combustibles fossiles en Afrique.
L’Union européenne reconnaît déjà cette tendance et s’éloigne des combustibles fossiles afin d’atteindre son objectif, décrit dans le Pacte vert pour l’Europe. L’objectif est d’arriver à zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050. Dans le Pacte vert, un segment axé sur la transition vers une énergie propre aborde un élément clé lié à la dépendance excessive de l’Europe à l’égard de l’énergie conventionnelle africaine : « assurer un approvisionnement énergétique sûr de l’UE ».
Exploitation pétrolière du Nigeria vers l’Europe : Cas complexe
Les énormes ressources en combustibles fossiles du Nigeria sont actuellement exploitées de manière très limitée. À la mi-2022, l’UE importait chaque année 14 % de son gaz naturel liquéfié (GNL) du Nigeria. Même si l’UE souhaite importer davantage, les failles de sécurité des pipelines et leur infrastructure obsolète ont conduit à une production limitée. Par ailleurs, ces obstacles ont contribué à la diminution de la quantité de GNL nigérian exportée vers l’Europe au cours des deux dernières années.
Malgré ces difficultés, deux grands projets ont été approuvés par les pays concernés pour transporter le gaz naturel nigérian vers l’Europe. Mais, le succès de leur construction et de leur exploitation dépendra d’une augmentation de la production locale de gaz et de nouvelles infrastructures gazières régionales. Le déploiement de ces infrastructures est actuellement confronté à l’instabilité au Sahel et dans la grande région de l’Afrique de l’Ouest.
Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont tenté de créer les infrastructures nécessaires pour mieux exploiter l’approvisionnement en gaz naturel du Nigeria. Mais ces initiatives sont limitées par l’instabilité régionale et deux projets en particulier le démontrent.
Gazoduc Nigéria-Maroc : La traversée Ouest-africaine
Le deuxième projet est le gazoduc Nigéria-Maroc (NMGP). Ce projet vise à transporter le gaz nigérian via le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie.
Le gaz sera ensuite acheminé du Maroc vers l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe existant. De nombreux problèmes entravent la réussite du projet, notamment le coût et l’absence de calendrier. En raison de la grande étendue du terrain à traverser pendant la mise en œuvre du projet, certains aspects, tels que les transferts entre les différentes phases du projet, seront difficiles à réaliser.
Gazoduc transsaharien
L’Algérie, le Nigeria et le Niger signent en juillet 2022 un protocole d’accord pour un projet de gazoduc transsaharien. Ce projet, en cas de succès, offre à l’Europe des alternatives potentielles à l’énergie russe.
Le gazoduc transsaharien transportait du gaz du Nigeria au Niger puis en Algérie, avant d’être acheminé vers l’Italie via le gazoduc sous-marin Transmed. Selon les prévisions d’exploitation, ce gazoduc devrait commencer à fonctionner pleinement en 2030, si et seulement si, les enjeux sociaux-politiques dans la région sont pacifiques.