Le Président Ruto cède à la pression populaire et décide du retrait du projet de loi de finances 2024. Un texte législatif qui contient des augmentations d’impôts controversées. Cette décision fait suite aux manifestations violentes qui ont embrasé le Kenya le 25 juin.
Les propositions fiscales controversées du Kenya
Le projet de loi de finances 2024 propose plusieurs augmentations d’impôts. Selon le gouvernement, elles sont nécessaires pour combler le déficit budgétaire d’environ 4,6 milliards USD et financer d’autres services publics clés. Cependant, les critiques soutiennent que ces mesures vont affecter de manière disproportionnée les classes inférieures et moyennes de l’économie.
Les manifestants affirment que le projet de loi imposerait des hausses d’impôts inabordables aux citoyens ordinaires et aux entreprises, déjà accablés par le coût élevé de la vie. A l’instar de la nouvelle taxe d’accise sur les micro-prêteurs qui se répercute directement sur les emprunteurs, donc la population. La génération Z, caractérisée par sa maîtrise du numérique et sa conscience sociale, est à l’avant-garde des protestations.
Projet de loi de finance
Taxes sur les produits de base
Le projet de loi proposait initialement d’introduire une taxe de vente de 16 % sur le pain et de 25 % sur l’huile de cuisine. Il était également prévu d’augmenter la taxe sur les transactions financières et d’instaurer une nouvelle taxe annuelle sur la propriété des véhicules s’élevant à 2,5 % de la valeur du véhicule.
L’écotaxe
Une taxe sur les produits qui contribuent aux déchets et nuisent à l’environnement était une autre disposition clé du projet de loi que le gouvernement a proposé d’amender. Les critiques soulignent que cette taxe entraînerait une augmentation du coût d’articles essentiels tels que les serviettes hygiéniques. Les couches pour bébés seraient également concernées.
Le gouvernement a ensuite déclaré que la taxe ne s’appliquerait qu’aux produits importés. L’écotaxe visait également les produits numériques, notamment les téléphones portables, les appareils photo et les équipements d’enregistrement. Or, de nombreux Kényans affirment qu’ils dépendent de ces produits, essentiels à l’économie numérique, pour gagner leur vie.
Augmentation des taxes à l’importation
Le projet de loi propose d’augmenter le taux des taxes à l’importation de 2,5 % à 3 % de la valeur de l’article, à la charge de l’importateur. Cette augmentation intervient tout juste un an après la réduction du taux de 3,5 % à 2,5 %. Les manifestants affirment que ces changements entraîneraient une hausse des prix des produits importés.
La décision du Président kényan après les manifestations
Dans un discours prononcé mercredi à la nation, le président Ruto reconnaît l’opposition généralisée au projet de loi, déclarant : « Il est clair que les Kenyans ne veulent rien avoir à faire avec ce projet de loi et je le concède » Il a assuré à la population qu’il ne signerait pas le projet de loi, dans le but de mettre fin aux troubles.
« Je propose également qu’au cours des 14 prochains jours, une réunion multisectorielle et multipartite soit organisée en vue de tracer la voie à suivre sur les questions relatives au contenu du projet de loi ainsi que sur les questions auxiliaires soulevées ces derniers jours sur la nécessité de mesures d’austérité et de renforcement de notre lutte contre la corruption », a expliqué le Président.
Mardi, les manifestations à l’échelle nationale ont dégénéré en chaos lorsque des manifestants ont fait irruption dans le bâtiment du Parlement, vandalisant l’intérieur et incendiant certaines parties du complexe.