Le Mécanisme Africain de Financement des Engrais (MAFDE) accorde un crédit commercial partiel à la société kényane Apollo Agriculture Limited. Ce partenariat vise à faciliter l’accès des petits exploitants agricoles aux engrais et à accroître ainsi la productivité au Kenya.
Terre kényane : Entre plaines et montagnes
Les terres agricoles du Kenya couvrent environ 47 % de sa superficie totale, dont seulement 9,8 % sont cultivées. L’agriculture locale dépend principalement des précipitations et reste exposée aux aléas climatiques. Près de 80 % des terres agricoles se trouvent dans des zones arides ou semi-arides, avec seulement 17 % ayant un potentiel agricole moyen.
Le Kenya présente une diversité de zones agroécologiques, chacune offrant des conditions et des potentiels agricoles variés. Les régions orientales du pays se caractérisent par un climat désertique, propice surtout à l’élevage nomade. En revanche, les hauts plateaux bénéficient d’un climat plus clément, favorisant une agriculture diversifiée.
Types de cultures phare du Kenya
L’agriculture kényane offre une grande diversité de cultures. La pratique traditionnelle, caractérisée par la polyculture et l’agroforesterie, demeure fondamentale. Le pays atteint l’autosuffisance pour la plupart de ses denrées alimentaires de base, dont le maïs qui occupe 62 % des terres cultivables. Parallèlement, les cultures industrielles comprennent la canne à sucre, le sisal, le coton, le thé et le café.
La principale région agricole kényane et les hauts plateaux sont dédiés à la plantation de sorgho, de pommes de terre, de haricots, d’arachides et de tabac. Tandis que sur les plaines côtières, les cultures prédominantes sont la canne à sucre, le blé, le manioc, le coton et les noix de cajou. Malgré des conditions climatiques difficiles dans certaines régions, les agriculteurs parviennent à cultiver des fruits comme l’ananas.
Kenya : Premier producteur de rose rouge
L’horticulture revêt également une importance significative. La floriculture, dominée par la production de roses, constitue la troisième source de devises étrangères pour le pays. Cette industrie procure des revenus à près de 500 000 Kényans et contribue annuellement à hauteur de 200 millions USD à l’économie nationale.
Lancé en 1972, le Kenya est devenu le premier fournisseur mondial de roses en quelques décennies. La majeure partie de cette production est destinée à l’exportation, principalement vers l’Europe occidentale et la Russie. Toutefois, la demande intérieure augmente aussi, notamment parmi les élites urbaines de Nairobi.
Contribution de l’agro-alimentaire dans le PIB
L’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie du Kenya. Ce secteur représente près de 34 % du PIB national et génère une contribution supplémentaire de 27 % grâce à ses liens avec la fabrication, la production, les services et l’industrie agroalimentaire. La filière agricole est le principal pourvoyeur d’emplois de la nation. Cette activité représente plus de 70 % des professions en zone rurale, où réside 75 % de la population nationale. Parallèlement, la filière agricole est également l’une des principales sources d’emploi formel, aux côtés du commerce et de l’industrie manufacturière.
Agriculture inclusive pour une croissance durable
Malgré son importance dans l’économie nationale, l’agriculture souffre de disparités significatives en termes d’investissement. Les petits exploitants agricoles rencontrent souvent des difficultés pour accéder au financement nécessaire à l’achat d’intrants de qualité. Pour répondre à ce défi, le conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un financement des engrais pour un développement durable au Kenya.
Partenariat pour une garantie de crédit commercial
Le MAFDE octroie ainsi un crédit de 2 millions USD à Apollo Agriculture Limited, accompagné d’une subvention de 219 000 USD. Le partenariat, d’une durée de deux ans, vise à rendre les intrants agricoles essentiels, accessibles et abordables pour les petits exploitants du Kenya. Cela permet de maximiser leurs bénéfices tout en favorisant le développement de l’agriculture commerciale et la sécurité alimentaire.
L’Agence Norvégienne de Coopération au développement soutient également cette initiative, soulignant l’importance de l’utilisation appropriée des engrais pour améliorer l’approvisionnement alimentaire et les revenus des ménages. Ce projet exploite la plateforme numérique d’Apollo pour aider les agriculteurs cherchant des intrants à crédit au Kenya. Cette interface dispose d’un réseau de 150 détaillants et 800 agents villageois.
Le partenariat couvre quatre domaines clés :
- Soutien de l’accès aux financements des agriculteurs par le biais de la facilité de garantie de crédit
- Soutien à l’augmentation des engrais disponibles
- Gestion et conseils en matière de santé des sols
- Collecte et analyse de données.
Accroître l’accès aux intrants agricoles
Ce programme de financement a pour objectif d’accroître les récoltes et les revenus en fournissant près de 8 000 tonnes d’engrais à 100 000 petits exploitants agricoles. La distribution incombe à la société Apollo, qui s’en chargera via son vaste réseau d’agents dédiés et de revendeurs. Le projet implique la distribution d’engrais, la protection des cultures au moyen de semences certifiées et la mise en place d’une assurance contre les pertes de récolte.
Apollo Agriculture a déjà lancé la mise en œuvre du projet dans les comtés de Bungoma et d’Uasin Gishu, en se concentrant sur la production de maïs. Selon les précisions du cofondateur de cette société, Benjamin Njenga, les agriculteurs peuvent acquérir des produits agricoles de haute qualité en versant un petit acompte. L’intégralité du prêt est exigible une fois la récolte et les produits vendus.
Autres efforts et réforme de politique agricole
Le Kenya entreprend plusieurs réformes pour dynamiser le secteur agricole, notamment dans le cadre de la Vision 2030. Cette initiative vise à promouvoir la croissance économique du Kenya en le transformant en une économie à revenus intermédiaires. Ce plan accorde une importance primordiale à l’agriculture en tant que moteur essentiel de cette croissance ainsi que de la sécurité alimentaire nationale. Ces réformes agricoles cherchent également à réduire les disparités socio-économiques et à combattre la pauvreté.
Le Kenya met particulièrement l’accent sur les technologies numériques agricoles (Ag Tech) pour relever divers défis tels que l’amélioration de la productivité, l’accès aux intrants et aux financements. Des mesures concrètes sont mises en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole.
Peter Owoko, Directeur des politiques au ministère de l’Agriculture et du Développement de l’élevage, annonce de nouvelles initiatives visant à renforcer la sécurité alimentaire du Kenya. Pour la campagne agricole de 2024, le gouvernement s’engage à fournir jusqu’à 12,5 millions de tonnes d’engrais aux agriculteurs dans le cadre d’un programme de subvention.