Développement de la santé à Mayotte : Expertises scientifiques et e-santé en perspective
Le secteur de la santé à Mayotte fait l’objet d’une attention particulière et d’efforts soutenus pour améliorer les conditions de vie des habitants. Le développement de la e-santé et la mise en avant des expertises scientifiques viennent renforcer les initiatives visant à répondre aux enjeux de santé spécifiques de l’île.
Quand santé et numérique s’allient
La e-santé est définie comme l’application des technologies de l’information et de la communication dans le domaine de la santé, englobant la télémédecine, la prévention, le maintien à domicile et le suivi des maladies chroniques à distance. Le développement de la e-santé a révolutionné la pratique médicale à Mayotte, notamment lors de la pandémie de COVID-19 en 2020, où elle a été d’une aide précieuse pour pallier le manque de médecins et répondre à la demande croissante de soins. Aujourd’hui, la mise en pratique d’objets connectés d’aide au diagnostic est envisagée pour renforcer la téléconsultation et améliorer la qualité des soins. C’est d’ailleurs dans ce cadre que le docteur Martine Eutrope, médecin généraliste et à l’origine de l’association de télémédecine « Entre pour votre santé », ainsi qu’Émeric Blanchin, consultant en transformation digitale, ont animé une conférence sur ce thème à l’amphithéâtre du centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni. « Un infirmier libéral formé peut aller au domicile du patient avec une mallette de télémédecine et de mon côté, je pratique ma consultation à distance. J’ai beaucoup pratiqué cette solution pendant la pandémie », explique Dr Eutrope. Les experts espèrent poursuivre cette voie qu’ils jugent prometteuse pour assurer un meilleur système médical à Mayotte.
Expertises scientifiques pour une meilleure nutrition
Le 22 mai dernier, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et Santé publique France ont partagé les résultats de leurs expertises respectives sur l’alimentation et la nutrition à Mayotte. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du Programme mahorais alimentation, activité physique et santé (PMAAPS), placé sous la coordination de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte. L’objectif du PMAAPS est d’améliorer la santé des mahorais en agissant sur divers leviers, notamment l’accessibilité à la prévention et à l’éducation santé, le développement de l’activité physique quotidienne, la mise en place d’un bouclier qualité prix efficace, ainsi que la promotion d’une alimentation saine via des cantines collectives, qu’elles soient scolaires ou non. L’expertise de l’IRD, réalisée en 2018, a permis de dresser un constat complet des connaissances scientifiques sur l’alimentation et la nutrition dans les départements et régions d’Outre-mer, offrant ainsi des recommandations d’actions spécifiques pour orienter les politiques publiques en la matière. De son côté, Santé publique France a mené en 2019 une étude complémentaire intitulée « UNONO WA MAORE », qui visait à mieux comprendre l’état de santé de la population de Mayotte et la couverture vaccinale des enfants de moins de deux ans, afin de développer des dispositifs de prévention et de promotion de la santé adaptés.
Colloque « Mayotte en santé » pour les territoires défavorisés
Au vu de ces avancées et des défis qu’ils restent à relever, l’association mahoraise Nariké M’sada organise en partenariat avec la Prévention et soin des Addictions à Mayotte (POPAM), le centre hospitalier de Mayotte, la Fédération Addiction, la Société française de lutte contre le sida (SFLS) et l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS-MIE), le colloque « Mayotte en santé » s’intéressant particulièrement aux territoires défavorisés. Prévu du 18 au 20 septembre à Codoni, cet événement a pour ambition de rassembler des experts, des professionnels de la santé, des chercheurs et des acteurs de terrain pour échanger sur les défis spécifiques que rencontrent les territoires défavorisés en matière de santé et proposer des solutions innovantes pour améliorer l’accès aux soins, la prévention et la qualité des services.
Mias Sylvia