La reprise du projet Mozambique LNG par TotalEnergies représente un tournant majeur pour le secteur énergétique africain et pour l’économie mozambicaine.
Un projet stratégique relancé après quatre ans de suspension
TotalEnergies, géant français de l’énergie, a annoncé son intention de relancer avant la fin 2025 son projet Mozambique LNG, un investissement colossal de 20 milliards de dollars suspendu depuis 2021 en raison de l’insécurité dans la province de Cabo Delgado. Cette décision fait suite à une amélioration notable de la situation sécuritaire et à l’obtention de financements majeurs, notamment un prêt de 4,7 milliards de dollars accordé par la Banque d’import-export des États-Unis.
Un projet d’envergure pour le Mozambique et TotalEnergies
Situé dans la zone 1 du bassin de Rovuma, le Mozambique LNG vise à exploiter d’importantes réserves de gaz naturel offshore, avec une capacité initiale de production de 13 millions de tonnes par an, extensible à 43 millions. Une fois opérationnel, il positionnera le Mozambique comme le deuxième producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL).
TotalEnergies détient 26,5% du projet, aux côtés de partenaires comme le groupe japonais Mitsui (20%) et l’entreprise publique mozambicaine ENH (15%). Ce projet s’inscrit dans la stratégie africaine plus large de TotalEnergies, qui inclut également d’autres développements gaziers et des investissements dans les énergies renouvelables sur le continent.
Un financement record et des enjeux économiques majeurs
Le projet bénéficie d’un financement par dette senior de 14,9 milliards de dollars, le plus important jamais accordé en Afrique, complété par le prêt américain de 4,7 milliards. Ce soutien financier crucial permet de lever le cas de force majeure déclaré en 2021 et d’envisager la reprise des travaux dans les prochains mois.
Pour le Mozambique, ce projet représente un levier économique important, susceptible de stimuler la croissance nationale, estimée par le FMI à 10% d’ici 2028, et de transformer le pays en acteur clé du marché mondial du GNL. Cependant, les défis sécuritaires et sociaux restent prégnants, avec des critiques sur les impacts humains et environnementaux du projet.
Sécurité et controverses : un contexte toujours fragile
La relance du projet intervient dans un contexte marqué par la présence de groupes insurgés dans la région de Cabo Delgado, qui avait conduit à la suspension des opérations en 2021 après des attaques meurtrières. La situation sécuritaire s’est améliorée grâce notamment au déploiement de troupes rwandaises, mais des enquêtes judiciaires sont en cours en France concernant des accusations d’homicide involontaire liées à l’évacuation du site lors des attaques.
La gestion de ces risques reste un enjeu crucial pour TotalEnergies et le gouvernement mozambicain, qui doivent garantir la stabilité nécessaire à la poursuite du projet tout en répondant aux préoccupations des populations locales et de la communauté internationale.
Perspectives et défis sur le marché mondial du GNL
Alors que le Mozambique LNG s’apprête à entrer sur le marché mondial, celui-ci pourrait être confronté à une saturation progressive, avec l’arrivée prochaine de nouveaux volumes importants en provenance du Qatar et des États-Unis. Cette évolution pourrait exercer une pression à la baisse sur les prix du GNL, ce qui constitue un défi supplémentaire pour la rentabilité du projet.
TotalEnergies mise néanmoins sur la reprise rapide du chantier pour consolider sa position dans le secteur gazier africain et répondre à la demande énergétique mondiale, tout en poursuivant ses investissements dans les énergies renouvelables.