Réflexions à Abidjan sur notation des crédits souverains en Afrique

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Réflexions à Abidjan sur notation des crédits souverains en Afrique

Du 10 au 12 juin 2025, Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, accueille un atelier régional dédié à la notation des crédits souverains en Afrique de l’Ouest.

Enjeux lies à l’évaluation du risque souverain

Organisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en partenariat avec plusieurs institutions internationales et le gouvernement ivoirien, cette rencontre réunit des représentants gouvernementaux, des agences de notation, des institutions financières et des partenaires techniques pour réfléchir aux enjeux liés à l’évaluation du risque souverain sur le continent.

Lors de l’ouverture, le directeur de cabinet adjoint du ministère ivoirien des Finances, Vassogbo Bamba, a souligné que les notations de crédit souverain influencent directement l’accès aux marchés financiers, le coût de l’endettement et la perception du risque pays. Il a rappelé que de nombreuses économies africaines, dont la Côte d’Ivoire, subissent des notations souvent jugées trop basses, ce qui engendre des surcoûts d’emprunt estimés à plus de 75 milliards USD sur la dernière décennie. Ces surcoûts représentent des ressources qui auraient pu être investies dans des secteurs clés tels que l’éducation, la santé ou les infrastructures.

Dialogue entre les différentes parties

La Côte d’Ivoire, hôte de l’atelier, a été saluée pour ses réformes structurelles qui lui ont permis d’améliorer sa notation souveraine auprès des grandes agences internationales : Moody’s (Ba2, perspective stable), Standard & Poor’s (BB, perspective stable) et Fitch Ratings (BB-, perspective stable). Malgré ces progrès, le pays reste classé dans la catégorie des investissements spéculatifs, un positionnement qui ne reflète pas pleinement son potentiel économique.

Blerta Cela, représentante résidente du PNUD en Côte d’Ivoire, a insisté sur la nécessité d’un dialogue renforcé entre les pays africains et les agences de notation, ainsi que sur l’importance d’une meilleure transparence budgétaire et d’innovations financières telles que les obligations vertes.

Renforcer les capacités des États

L’atelier vise également à renforcer les capacités des États ouest-africains à dialoguer efficacement avec les agences de notation, harmoniser les approches régionales et construire une voix africaine unie pour réclamer plus d’équité et de transparence dans les méthodologies d’évaluation.

Par ailleurs, dans ce contexte, l’Afrique se prépare à lancer d’ici septembre 2025 sa propre agence de notation, l’Agence africaine de notation de crédit (AfCRA), qui ambitionne de mieux refléter les spécificités régionales et socio-économiques du continent, offrant ainsi une alternative aux grandes agences internationales souvent critiquées pour leur manque de compréhension des réalités africaines.

Cette initiative continentale, couplée aux réflexions menées à Abidjan, marque une étape importante vers une meilleure reconnaissance de la solvabilité des pays africains et un accès plus équitable aux financements internationaux, condition indispensable à la transformation économique durable de la région.

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