À l’occasion de la cinquième Réunion ministérielle Union européenne (UE)-Voisinage Sud tenue à Bruxelles, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a lancé un appel à une transformation profonde du partenariat euro-méditerranéen en une véritable alliance stratégique. Il a souligné la nécessité de dépasser la simple contiguïté géographique pour bâtir un espace de coopération forte entre les deux rives de la Méditerranée.
Un pacte pour la Méditerranée : une nouvelle vision stratégique
Nasser Bourita a salué l’élaboration en cours du « Pacte pour la Méditerranée », une initiative destinée à revitaliser la coopération entre l’UE et les pays du Sud méditerranéen. Selon lui, ce pacte offre une « chance unique » de passer d’une logique de proximité à une logique d’alliance, capable de répondre de manière concrète aux défis communs tels que la sécurité, la mobilité et la gestion des crises. Il a également insisté sur la nécessité d’une politique d’agrégation innovante combinant des outils financiers, des partenariats structurants et une gouvernance inclusive, où le Sud jouerait un rôle actif dans la co-décision.
Un leadership partagé pour une euro-méditerranée
Le ministre a souligné que la Méditerranée est plus qu’un simple espace géographique : c’est une responsabilité historique, un message soutenu par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. La proposition marocaine vise à construire une « euro-méditerranée géopolitique », capable d’apporter des réponses adaptées aux besoins des deux rives. Pour cela, il faut privilégier un leadership partagé, éviter les blocages liés à la recherche de l’unanimité et institutionnaliser une gouvernance basée sur des « majorités d’engagement » plus opérationnelle.
Renforcement du partenariat bilatéral et échanges multilatéraux à Bruxelles
En marge de la réunion, Nasser Bourita a mené une série d’entretiens bilatéraux avec plusieurs acteurs clés européens, dont la commissaire européenne pour la Méditerranée Dubravka Šuica, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères Kaja Kallas, ainsi que le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares. Ces rencontres ont porté principalement sur le rôle central du Maroc dans le futur Pacte pour la Méditerranée, la consolidation du partenariat stratégique entre le Royaume et l’UE, ainsi que le renforcement des liens bilatéraux, notamment avec l’Espagne.
Le Maroc, un acteur clé pour la stabilité euro-méditerranéenne
Le Maroc se positionne ainsi comme un acteur déterminant pour le rapprochement entre le Nord et le Sud de la Méditerranée. Au-delà des échanges économiques, il engage une diplomatie active pour bâtir des ponts de coopération politique, sociale et sécuritaire. Le pays entend également organiser une « Retraite de haut niveau sur l’avenir du partenariat » pour capitaliser sur les 30 ans des Accords de Barcelone et tirer pleinement parti du momentum engendré par ce nouveau Pacte pour la Méditerranée.
Un défi pour l’intégration régionale euro-méditerranéenne
Cette démarche marocaine intervient dans un contexte d’intégration régionale euro-méditerranéenne encore fragile, notamment en raison des relations bilatérales asymétriques entre l’UE et les pays du Maghreb. Le modèle actuel est marqué par une atomisation régionale, chaque pays méditerranéen négociant séparément ses relations avec l’Europe. La proposition marocaine appelle à dépasser cette logique et à construire une coopération plus intégrée fondée sur une vision partagée, gage de stabilité, de prospérité et de cohésion régionale.